Comment intégrer l’accessibilité numérique en tant qu’acteur du tourisme ?

L’accessibilité numérique et le tourisme : un enjeu d’inclusion

L’accessibilité est un enjeu majeur tant pour les secteurs privés que publics, et revêt une importance particulière dans le domaine du tourisme. En France, la loi du 29 juillet 1998, connue sous le nom de « lutte contre les exclusions », a été l’une des premières à affirmer le droit d’accès aux vacances, aux sports et aux loisirs pour les personnes en situation de handicap. Cette législation souligne que ces activités sont essentielles pour l’intégration sociale et l’épanouissement personnel, garantissant ainsi que chacun puisse bénéficier de ces moments.

Par la suite, la loi du 11 février 2005 a renforcé cet engagement en établissant des obligations claires d’accessibilité pour tous les établissements recevant du public, y compris les hôtels, restaurants et attractions touristiques. Par exemple, des stations de ski, comme Tignes, ont déjà mis en place des infrastructures adaptées pour accueillir les personnes en situation de handicap.

Ces deux lois témoignent d’une volonté d’assurer à toutes les personnes, quelles que soient leurs capacités, la possibilité de profiter pleinement des offres touristiques. Pourtant les chiffres parlent d’eux-mêmes : 9 personnes en situation de handicap sur 10 éprouvent des difficultés d’accessibilité lors de leurs déplacements, selon une consultation auprès de 12 000 personnes. (Source : AFP France handicap -2020).

Mais l’accessibilité ne se limite pas à l’entrée d’un bâtiment ou à l’accès d’une piste de ski ; elle englobe également l’expérience en ligne. Une expérience de vacances commence par un site Internet intuitif et accessible, où chaque voyageur peut facilement explorer et réserver son séjour, qu’il soit à mobilité réduite, malvoyant ou sourd, par exemple. On parle ici d’accessibilité numérique.

Accessibilité numérique : définition

L’accessibilité numérique, c’est garantir à tous les individus, quelles que soient leurs capacités matérielles, physiques ou mentales, l’accès à des ressources numériques sans difficultés (Source : Mon parcours Handicap & Wikipédia). En France, l’accessibilité numérique s’appuie sur le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA) qui détaille les critères nécessaires pour rendre un site web accessible. La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et les citoyenneté des personnes handicapées oblige les acteurs publics dont font partie les structures touristiques (le plus souvent rattachés au collectivités territoriales ou au services régionaux comme les offices de tourisme)à adapter leurs plateformes numériques. Les lois évoluent actuellement, le 28 juin 2025, cette obligation s’étendra ainsi à de nouveaux acteurs du secteur privé dans différents domaines (e-commerce, transport, banque…). Pour ces secteurs, chaque nouveau site internet créé devra être accessible. Vous trouverez ici plus de détails sur l’accessibilité numérique et son cadre légal.

État des lieux de l’accessibilité numérique dans le secteur du tourisme

Malgré l’existence de lois visant à mettre en place l’accessibilité numérique, force est de constater qu’elle demeure largement insuffisante dans le secteur du tourisme.

Il est donc essentiel que l’accessibilité numérique devienne une priorité pour l’ensemble des acteurs du secteur.

Marie Sturm, porteuse du projet « Partir ici » d’Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme, part d’un constat : « Aujourd’hui, les labels tels que Tourisme & Handicap sont tournés vers le tourisme d’accueil. Ainsi, réaliser une transition vers un site accessible est souvent une initiative personnelle. ». L’agence de tourisme régionale a ainsi décidé, non seulement d’intégrer l’accessibilité numérique à son appel d’offre, mais également de s’adosser à un prestataire expert pour accompagner l’agence de développement.

Acteurs du tourisme, l’accessibilité numérique vous concerne !

Adopter des pratiques d’accessibilité numérique n’est pas seulement une obligation légale ; c’est également une occasion de renforcer votre engagement en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). En garantissant l’accès à vos services pour les personnes en situation de handicap, vous faites un pas significatif vers l’inclusion, ce qui contribue à lutter contre la discrimination. Cela peut également renforcer la perception positive de votre image mais, surtout, en rendant vos services accessibles, vous ouvrez la porte à environ 12 millions de personnes en France, soit 20 % de la population.

L’accessibilité numérique dans le tourisme, l’exemple du site Partir Ici de la région Auvergne Rhône Alpes

L’accessibilité numérique au cœur du projet Web

On ne le dira jamais suffisamment : l’accessibilité d’un projet Web se travaille en amont ! Cette approche permet de faire les bons choix dès le début, de réduire les coûts et surtout de gagner en efficacité, comme le souligne Jean-Baptiste Audras, Directeur Technique chez Whodunit : 

Il y a une certaine efficacité à travailler l’accessibilité dès le départ. En effet, cela permet de faire des choix efficaces. Se poser les bonnes questions : Quel est l’objectif de la page ici ? Comment être le plus efficace pour que l’interface soit utilisable ? […] C’est une aide à la décision du côté des équipes qui nous a permis d’éliminer plein de choix qui auraient été ensuite difficiles à rendre accessibles.

Dans le cadre du projet Partir Ici, l’Agence Régionale de Tourisme d’Auvergne-Rhône-Alpes a parfaitement saisi cette nécessité en intégrant l’accessibilité numérique dans son appel d’offres. L’agence de développement WordPress devait en effet présenter des garanties en termes d’expertise en accessibilité, et l’agence a pris la décision d’aller plus loin en dédiant un lot spécifique à ce sujet. C’est ainsi que Boscop a été choisi pour l’accompagnement en accessibilité.

L’importance de s’appuyer sur des experts en accessibilité

Formés à l’accessibilité, les développeurs de Whodunit sont en capacité d’appliquer les bonnes pratiques pour fournir un site accessible. Pour autant, l’intégration d’experts de la discipline est déterminante.

C’est ce que précise Marie : Notre choix a été de se faire accompagner dès le début par une agence, ce qui a été un vrai soutien, un vrai apport. Grâce à l’accompagnement dès le début du projet, nous avons pu rester sur une bonne voie. On a pu intégrer toutes les contraintes liées à l’accessibilité dans les maquettes et dans notre stratégie éditoriale.

Jean-Baptiste ajoute : C’est très bien d’avoir des spécialistes sur la partie accessibilité parce qu’en travaillant sur un projet de cette ampleur pendant six mois ou plus, il est utile de pouvoir soulager cette partie en ayant une intervention de spécialistes avec déjà une expertise, évidemment, mais aussi du recul par rapport à ce qu’on fait.

Les étapes pour le développement d’un site Web accessible

Lors du lancement projet, un objectif a été mis en place avec les différentes parties prenantes, en tenant compte des spécificités et de la complexité de certains modules. En l’occurrence, cet objectif était de 75% de conformité minimum, sans aucune non-conformité bloquante.

La première étape pour développer un site Web accessible est la réalisation d’un audit de maquette. Celui-ci permet d’échanger sur la façon d’organiser arborescence du site. Nous évaluons la faisabilité et les risques des actions que nous souhaitons mettre en place. C’est ainsi le moment de mettre en avant les priorités.

La phase de développement s’appuie sur les recommandations de l’audit. Jean-Baptiste explique que l’accompagnement de Boscop a été fondamental : L’accompagnement de Boscop est allé bien plus loin qu’une analyse des bonnes ou mauvaises pratiques. L’expert nous a fait des recommandations, a pu échanger avec le développeur front-end qui a travaillé sur le projet, notamment autour des Patterns à mettre en place, des nombreux éléments complexes liés à l’interface, etc . Ce dialogue entre les différentes parties prenantes est crucial pour s’assurer que toutes les pratiques d’accessibilité soient intégrées. Pour cette raison, Whodunit a opté pour un travail dit en « semi-agilité » afin de réaliser des revues de sprint tous les quinze jours, et ainsi assurer la bonne progression du projet.

Une fois le site développé, un audit de conformité a été réalisé. Le premier audit révélait un taux de conformité de 66% avec quelques non conformités bloquantes. Plusieurs développements ont été réalisés dans un second temps, pour atteindre un taux de 80%, sans non conformité bloquante. L’accessibilité est un travail d’amélioration continue !

Dans un dernier temps, il est indispensable d’anticiper la question de la contribution au projet web. Une bonne partie de l’accessibilité d’un site web est en effet entre les mains des contributeurs, (par exemple, les bonnes pratiques liées aux couleurs ou aux alternatives d’images). Dans ce cadre, la formation fournie par Boscop auprès de Partir Ici à joué un rôle clé, à la fois pour la montée en compétences des équipes, mais aussi pour une question de sensibilisation. Marie souligne La formation de boscop nous a permis de prendre conscience qu’en tant qu’Agence régionale du tourisme, nous avons également un rôle de sensibilisation à jouer auprès de la région et des différents acteurs touristiques. Ce processus a renforcé la compréhension des enjeux d’accessibilité au sein de l’équipe et a informé les acteurs locaux sur leur responsabilité en matière de sensibilisation.

Intégrer l’accessibilité dans une démarche plus globale de numérique responsable

L’accessibilité devrait aussi s’inscrire dans une approche globale autour de la qualité web et du numérique responsable. Sur ce projet, accessibilité et écoconception ont été travaillées ensemble, de façon approfondie. Côté écoconception, Whodunit s’est basé sur le RGESN (Référentiel Générale d’Ecoconception des Services Numériques), pour livrer un site web sobre et efficace. Un audit a été mené, donnant lieu à une déclaration d’écoconception numérique, avec un score de 80% de conformité. 

Cette démarche responsable complète comprend également la prise en compte d’un hébergement responsable et souverain, répondant à la fois aux exigences environnementales mais aussi juridiques et éthiques, notamment pour respecter le Règlement Général de Protection des Données (RGPD) via l’hébergeur Datacampus. Pour le suivi des statistiques, c’est la solution Matomo avec anonymisation des données qui a été choisie.

Marie témoigne : en plus de l’accessibilité, nous avons souhaité incorporer l’écoconception pour sensibiliser les acteurs du tourisme aux nouvelles exigences liées à un tourisme durable. » Cette vision fait de l’accessibilité et de l’écoconception une priorité, tout en montrant « qu’un site  rendu accessible et éco-conçu peut être un beau site, il peut avoir plein de tonalités. , relève Marie.

Viser la création de sites durables

Enfin, il est essentiel d’adopter une vision à long terme. Jean-Baptiste affirme : Un site est vivant, et l’objectif c’est qu’il vive le plus longtemps possible. Notre objectif est de faire des sites durables, pas des sites jetables que l’on change tous les deux ans. Cela implique de prévoir des mises à jour régulières et d’intégrer de nouvelles fonctionnalités, tout en maintenant des standards de qualité élevés.

Pour conclure, l’accessibilité numérique est un droit fondamental qui va au-delà des obligations légales, devenant un enjeu d’inclusion dans le secteur du tourisme.

En intégrant l’accessibilité dans leur projet Web, Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme prend l’initiative de réduire les barrières rencontrées par les personnes en situation de handicap.

En s’engageant pour l’accessibilité numérique, non seulement les acteurs du tourisme renforcent leur image de marque, mais ils contribuent également à une société plus équitable. Il est temps d’agir pour que chaque voyageur, quelles que soient ses capacités, puisse apprécier chaque instant de son voyage, y compris sa préparation !